Bonjour,
Qu’on se le dise !
Après un dernier roulement de tambour, le garde champêtre ayant terminé ses avis à la
population, criait d’une voie de stentor : Qu’on se le dise !
Je ne suis pas garde champêtre, mais ce rôle, celui
de prévenir la population n’aurait jamais dû se perdre. De ma petite voix, j’ose dire que nous sommes en décadence : qu’on se le dise !
Je ne
suis pas le premier à parler de décadence. Je pense que le premier qui en a parlé est Juvénal, un romain du 1er et 2èmesiècle
ap JC. Notre société est en décadence. La plupart des gens ne le savent pas et ne veulent surtout pas le savoir. Pourquoi sommes-nous en
décadence ? Tout simplement parce que nous sommes incapables de réformer notre société, de l’adapter à une autre réalité qui a montré ses limites délétères. Nous avions la possibilité
historique de remettre un peu d’ordre éthique, un peu d’humanité, un peu de justice sociale, dans cette
société emprisonnée par le monde financier, jusqu’à maintenant nous avons raté cette chance. Après de bonnes paroles, d’assurances, de projets, de
souhaits pieux, de contrat moral, d’engagements, où en sommes-nous ? Je n’espère rien de concret
des réunions du G8 ou du G20. Pourquoi tous les pays sont incapables d’instituer des règles morales dans le milieu financier, quels intérêts protègent-ils ? Certainement pas ceux du plus
grand nombre.
Rien n’a changé, ce qui était évident, urgent, pour
réformer notre société, la logique financière plus que spéculative, je dirais avide, cette possibilité de transformation, de régulation après
concertations, a été oubliée, escamotée ; ceux qui sans vergogne gagnent beaucoup d’argent vont en
gagner encore plus, sans que cela leurs posent de problèmes particuliers. Cette question est à l’ordre du jour : peut-on être milliardaire de
gauche ? Quand on est milliardaire la notion de gauche ou de droite n’a plus d’importance, ce qui reste, ce qui compte, c’est d’être milliardaire. Il est patent de dire que plus on
possède de milliards moins on donne d'argent aux sociétés caritatives.
On parle beaucoup de la prédiction des Mayas du 21 décembre 2012, qui annonce la fin du monde. J’en suis presque à la souhaiter cette fin d’un monde qui ne sait pas où il va, qui a
oublié de prendre en compte la valeur d’un être humain quel qu’il soit, la valeur de son travail, pour le profit d’un petit nombre qui ne voit aucune
raison d’arrêter leur business qui fonctionne si bien. Pourquoi accuser l’un, plutôt qu’un autre, nous sommes dans une logique qui nous empêche de
sortir de ce piège qui s’est formé depuis de nombreuses années et pour se sortir de ce piège, il faut avoir le courage de tout changer, encore une fois donner l’importance à la valeur humaine plutôt qu’à l’argent. Il est vrai que le critère de sélection par l’argent est plus facile à reconnaître que le
critère définissant la valeur d’un homme. Même dans l' hypothèse où la reconnaissance d'un individu se fera sur sa valeur morale, sur son
travail, il y aura toujours des plus malins que d’autres, il y aura toujours des beaux parleurs, de fichus menteurs, pour en profiter.
Pourquoi je parle de décadence ?
Je termine mon 2ème roman qui raconte une histoire gallo-romaine et dans cette écriture, j’ai dû lire un certain nombre de textes sur
l’époque romaine et je dois dire que j’ai été assez édifié par toutes les similitudes qui concernent nos deux époques. Nous sommes dans le même contexte économique, social, religieux même si le
progrès matériel est différent.
Plusieurs écrivains en leur temps ont prévenu leur
société du déclin de leur civilisation, effectivement ces civilisations ont disparu sans jamais retrouver leur grandeur passée. Comme exemple célèbre, on peut citer Juvénal qui a écrit ses
satires sur le déclin de l’empire romain entre le 1er et 2èmesiècle ap JC. Entre le moment où ces écrits sont parus et le moment de la fin de l’empire romain, il est vrai
qu’il s’est passé un certain nombre d’années, mais le fait est là, il ne s’est pas trompé.
Malheureusement, pour notre part, il n’y a aucune
illusion à se faire quant à la durée de la notre, elle aussi disparaitra un jour. Si on prend l’exemple de la fin de l’empire romain, certainement
que notre civilisation occidentale retombera dans le chaos qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps.
Si la prédiction des Mayas est vraie, si je dois
mourir dans cette fin du monde, juste avant de mourir à moitié écrasé ou noyé, j’espère que j’aurai encore le temps de penser à ce que je viens
d’écrire et que je mourrai dans un grand éclat de rire.
Plusieurs écrivains et penseurs ont écrit un point
de vue dans lequel, les sociétés disparues auraient elles-mêmes, dans une certaine mesure, participé à ce déclin, dont elles percevaient peut être les signes avant coureur sans avoir cherché à y
remédier.
Il me semble que les politiques, malgré leur bonne
volonté sont laminés par des financiers sans aucune éthique qui ont perdus le sens du réel devant leurs écrans, au profit ; à leur seul profit,
promulguant des règles qui sont devenues une nouvelle réalité.
Il est évident que sans la perte du sens du bien public, le sens du bien être pour chacun, la vie sur terre pourrait être un paradis. Tout cela a été balayé pour le plaisir immédiat de quelques uns qui veulent toujours plus que celui qui a déjà beaucoup plus que les
autres.
Aujourd’hui je peux dire que nous revivons l’époque
romaine, dans une société qui fait que de plus en plus d’hommes ne s’en sortent plus, même avec
l’appoint de l’assistanat, nous sommes en pleine crise morale dont le slogan est devenu : Du pain et des jeux !
Je vous recommande si vous pouvez, de lire tous les
écrits se rapportant à la décadence de Rome, mot déjà cité sous la république par Caton l’Ancien,
Cicéron et sous l’empire par Juvénal. Une des causes (Il y en a de nombreuses) de la décadence de Rome est le discrédit des lois économiques, celles-ci ne visaient plus qu’à drainer le maximum de
ressource vers Rome sans la contrepartie de fournir un réel service à la population. Nous sommes en droit de nous poser la
question.
A bientôt.