En cet après-midi, la marée était haute, plus haute que d'habitude, le bras de mer était très large, abandonné par les bateaux en hivernage. Le bras de mer était vide, même de ses oiseaux venant faire leur marché en pataugeant dans la vase. Cette fois -ci, l'eau atteignait le haut de la rive ne laissant aucun endroit pour se ravitailler.
Pourtant, dans l'onde placide et transparente, la vie grouillait, des centaines de bars et de mulets s'activaient en ronds, en poursuites, en éclaboussures aussi bruyantes que soudaines. Les poissons de belle taille, comme l'avant bras, irisaient la surface de l'eau en vagues pointues, démontrant leur présence rapide, le dos à fleur d'eau, signé par un éclair blanc sous le soleil.
Il y a quelque temps, j'avais envoyé un beau-frère pécher à marée haute en ce lieu bucolique. Il était revenu bredouille sans voir un poisson, en pestant d'avoir perdu son temps un peu par ma faute. Cet après- midi je pensais à lui en regardant les arabesques rapides de ses poissons facétieux. Je suis certain qu'il aurait fait une pêche mémorable et qu'il m'aurait pardonné. Ainsi va le destin, il faut être là au bon moment.
A bientôt